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Le patrimoine culturel du Japon (文化財, bunkazai?), relevant de l’Agence pour les affaires culturelles, est constitué des biens, traditions ou notions particulièrement importantes de la culture du peuple japonais. Il recoupe notamment : le patrimoine matériel (architecture, arts et artisanat), le patrimoine vivant (arts scéniques, techniques et savoir-faire), le patrimoine ethnologique ou folklorique (matériel ou non), les sites historiques, scéniques et naturels, les paysages culturels, et enfin les ensembles architecturaux traditionnels ; de plus, le patrimoine enfoui (tombes, ruines…) et les techniques de conservation des biens culturels sont également protégés1.

Les éléments désignés comme biens culturels doivent être préservés et transmis comme des éléments à part entière de l’héritage culturel du peuple japonais.

Une section est dédié entièrement à la partie art du japon, Et si nous apprenions les arts;

Diverses loi et réglémentation protège l'ensemble du patrimoine.

Le patrimoine matériel (有形文化財, yūkei bunkazai?), ou les biens culturels tangibles

 

 regroupe les propriétés d’un fort intérêt historique ou artistique de nature tangible, c’est-à-dire structures (sanctuaires, temples, châteaux, autres) et objets d’art ou d’artisanat (peintures, sculptures, artisanat, calligraphies, anciens documents, objets archéologiques, matériel historique, autre)6.

Les biens matériels d’intérêt ou de valeur particulièrement remarquable peuvent être classés biens culturels importants (重要文化財, jūyō bunkazai?, souvent abrégé jūbun (重文?)), puis trésors nationaux (国宝, kokuhō?) pour les plus inestimables.

En accord avec la loi, toute altération d’une propriété culturelle matérielle nécessite l’accord préalable de l’État, de même que leur sortie du territoire national. Le Trésor du Japon assume les frais de restauration et de conservation des pièces, et le Commissariat aux affaires culturelles fournit une assistance pour l’administration, la restauration, les expositions publiques ou autres activités. La conservation proprement dite reste à charge du détenteur (qui peut être l’État), mais avec une aide financière en cas de dépenses importantes. Compte tenu de l'emploi constant de matériaux inflammables (bois, écorce...) au Japon, leurs détenteurs reçoivent des aides supplémentaires pour prévenir tout désastre par le feu

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               Chateau d'Himeji                                   Sanctuaire Uda Mikumari-jinja 

                                                                         à Udapréfecture de Nara.

Le patrimoine vivant

 

Le patrimoine vivant (無形文化財, mukei bunkazai?), immatériel ou intangible, regroupe les arts scéniques, métiers artisanaux et coutumes culturelles présentant un intérêt historique ou artistique, comme le théâtre, la musique, les savoir-faire ou les techniques d’artisanat. Ce type de biens correspond approximativement au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO6. Le patrimoine vivant apparaît particulièrement important au Japon, où les techniques, les savoirs et l’essence des biens importent autant que les biens matériels proprement dit8.

De la même façon, les biens culturels vivants particulièrement précieux peuvent être désignés biens culturels intangibles importants (重要無形文化財, jūyō mukei bunkazai?)1. La maîtrise de techniques ou savoir-faire associés est reconnue en même temps, afin de favoriser leur transmission5. Il existe trois types de reconnaissance : individuelle, collective ou de groupe. Les personnes primées individuellement reçoivent une dotation de deux millions de yens par an ; ils sont communément appelés « trésors nationaux vivants » du Japon, ou plus correctement « détenteurs d’un bien culturel immatériel » ; cette notion de patrimoine lié à une personne apparaît comme une spécificité japonaise, signifiant que les techniques et arts traditionnels sont actualisés et restent liés au présent9,10. L’État finance également en partie la transmission des techniques à des apprentis et les démonstrations publiques pour les groupes5.

                                                       Théatre nô

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Patrimoine ethnologique 

Festival Karatsu Kunchi de Kyūshū, désigné bien culturel folklorique important en 1980.

Le patrimoine ethnologique (民俗文化財, minzoku bunkazai?), ou les biens culturels folkloriques, transcrit le rôle et l’importance des traditions dans la vie quotidienne des Japonais, par exemple cuisine, habillement, travaux, religion, représentations folkloriques, ainsi que les techniques associées.

Ces biens sont classés selon leur nature : matériels (tangibles) ou vivants (intangibles). Le patrimoine ethnologique vivant (無形民俗文化財, mukei minzoku bunkazai?, ou biens culturels folkloriques intangibles) regroupe les us et coutumes, l’art de la table, la tenue de la maison, les pratiques religieuses, les événements annuels, ainsi que les arts folkloriques et les techniques liées1. Les divers objets liés aux biens intangibles, tels que vêtements, outils, ustensiles ou autre, tombent dans la catégorie du patrimoine ethnologique matériel (有形文化財, yūkei minzoku bunkazai?, ou biens culturels folkloriques tangibles). Les propriétés qui présentent une valeur particulière parmi ces deux catégories peuvent être respectivement désignées biens culturels folkloriques intangibles importants (重要無形文化財, jūyō mukei minzoku bunkazai?) ou biens culturels folkloriques tangibles importants (重要有形文化財, jūyō yūkei minzoku bunkazai?).

Le gouvernement finance la protection et la restauration de ces propriétés ; dans le cas de biens folkloriques intangibles importants, des fonds sont également alloués pour la formation des apprentis et la préservation des objets liés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                Festival Karatsu Kunchi de Kyūshū, désigné bien culturel folklorique important en 1980.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lieux de mémoire

 

Le jardin du Tenryū-ji de Kyoto, classé site pittoresque.

Les lieux de mémoire (記念物, kinenbutsu?) ou monuments regroupent en fait pour les Japonais sites historiques et sites naturels au sens large. Ils se découpent plus précisément en trois catégories1,6 :

  • les sites historiques (史跡, shiseki?) (amas coquillier, tombes anciennes, sites de palais ou châteaux, clochers…) ;

  • les sites pittoresques (名勝, meishō?) (jardins, ponts, gorges, montagnes…) ;

  • les sites naturels (天然記念物, tennen kinenbutsu?) (animaux, plantes, formations géologiques ou minérales particulières…).

Les éléments les plus significatifs parmi ces trois catégories respectives peuvent être désignés comme « spéciaux (特別, tokubetsu?) ». Tout risque d’altération de ce patrimoine doit faire l’objet d’une autorisation de l’Agence des affaires culturelles. Des aides financières pour l’acquisition et la conservation de tels sites sont possibles auprès des administrations lcoales.

                                 Le jardin du Tenryū-ji de Kyoto, classé site pittoresque.

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Ensembles architecturaux traditionnels et secteurs préservés

La catégorie des ensembles architecturaux traditionnels (伝統的建造物群, dentōteki kenzōbutsu-gun?), ou groupes de bâtiments traditionnels, a été créée afin de préserver des ensembles architecturaux anciens présentant, dans leur environnement, un attrait particulier. Il peut s’agir de villes, villes fortifiées, villes minières, quartiers marchands ou traditionnels, ports, villages de pêche et d’agriculture, etc.

Depuis l’amendement de 1975 à la Loi sur la protection du patrimoine, les sites les plus importants peuvent être désignés comme « secteurs préservés » par les municipalités, ou « secteurs préservés importants » par l’Agence des affaires culturelles, offrant une protection accrue et des fonds pour les rénovations5. Des aides additionnelles peuvent être accordées sous forme de réduction d’impôts. La protection de secteurs traditionnels a d’abord été adoptée à Kyoto au début des années 1970, puis a été étendue à d'autres grandes villes du Japon afin de préserver des zones traditionnelles de l’urbanisation, bien que les interventions effectives restent limitées en pratique.

Paysages culturels

 

La ville d’Uji, près de Kyoto, désignée paysage exceptionnel.

Les paysages culturels (文化的景観, bunkazai keishiki?) concernent les paysages façonnés tant par l’homme que par les caractéristiques naturelles d'une région, et qui sont indispensables pour saisir la façon de vivre des Japonais1. Il s’agit par exemple de rizières en terrasse, villages de montagnes ou canaux. Les paysages les plus significatifs sont désignés paysages culturels importants, distinction qui concerne, au 1er février 2015, 47 zones du Japon, plus 9 au niveau préfectoral et 23 au niveau communal. La sélection de paysages culturels a été définie par un amendement de 2004 à la Loi sur la protection du patrimoine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                               La ville d’Uji, près de Kyoto, désignée paysage exceptionnel.

 

 

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Techniques de conservation du patrimoine

 

La technique de l'estampe ukiyo-e est protégée par la loi.

Les différentes techniques de fabrication des outils traditionnels nécessaires à la restauration et la préservation des biens culturels, ainsi que les méthodes de restauration et de conservation elles-mêmes, peuvent être classées comme techniques de conservation du patrimoine.

Cette forme de protection a été apportée par l’amendement de 1975 dans le but de lutter contre la disparition des artisans traditionnels en raison de l’industrialisation. Ces techniques, pouvant porter tant sur le patrimoine tangible qu’immatériel, incluent par exemple le montage de peintures et de calligraphies sur rouleaux, la réparation de laques et de sculptures en bois, la production de masques, costumes et instruments de théâtre 1,… Les techniques indispensables à la conservation de certains biens peuvent être nommées technique de conservation spéciale par le ministère de l’Éducation.

Parmi les organismes désignés pour leurs techniques figurent, par exemple, l’Association japonaise pour la conservation des monuments architecturaux (réparation et travail du bois), l’Association nationale pour la préservation des techniques de couvrement des sanctuaires et temples (toiture) ou l’Association pour la conservation des biens culturels (peintures, laques). La loi prévoit en outre des financements publics pour la transmission et la documentation de ces techniques.

 

 

 

 

 

 

                               La technique de l'estampe ukiyo-e est protégée par la loi.

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Patrimoine enfoui

Le patrimoine enfoui (埋蔵文化財, maizō bunkazai?) regroupe les sites de fouille comme les tombes, les caves, les ruines ou autre5.

Environ 465 000 lieux de fouille sont recensés au Japon actuellement. La loi dispose de plusieurs restrictions quant à l’excavation, et tout travail de fouille ou de construction dans les environs d’un site archéologique doit être signalé à l’État. Si la préservation du site s’avère impossible, les responsables sont tenus de couvrir les dépenses d’excavation dans la mesure du possible ; les administrations locales assurent les frais en dernier recours5. De plus, tout objet trouvé sur un lieu protégé doit être rapporté à la police et devient propriété de la préfecture, excepté si son propriétaire est connu. L’objet peut éventuellement être désigné bien culturel à son tour. Ce système date des amendements de 1954 et 1975 à la Loi sur la protection du patrimoine, les biens enfouis étant auparavant inclus dans le patrimoine matériel. La mobilisation des archéologues et de l’opinion publique locale a beaucoup joué dans la protection des sites de fouille et le vote de ces amendements.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                      kofungun de Mozu

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Patrimoine culturel enregistré

En plus du système de désignation décrit plus haut existe un système d’enregistrement (登録制度?), qui offre un niveau de protection alternatif. Trois catégories sont concernées : biens tangibles, biens folkloriques tangibles et monuments.

Les biens culturels tangibles enregistrés (登録有形文化財?) permettent un niveau de responsabilité moindre pour le détenteur que la désignation. Tout dommage ou altération touchant plus de 25 % de la surface visible, ou tout changement de propriétaire doivent être signalés à l’avance16. En revanche, les propriétaires peuvent obtenir des emprunts à taux d’intérêt réduit pour la rénovation et la gestion, ainsi que des subventions pour les biens architecturaux et des réductions d’impôt jusqu’à 50 % des dépenses16. Ce niveau de protection vise donc surtout à l’accompagnement et à l’assistance des propriétaires de biens enregistrés5. Au 1er février 2015, il existait 9 951 bâtiments enregistrés et 14 objets d’art ou d’artisanat3.

Les biens culturels folkloriques tangibles (登録有形民族文化財?) permettent de protéger le patrimoine folklorique. Il n’y a pas d’enregistrement équivalent pour les biens folkloriques intangibles. Au 1er février 2015, 32 biens sont enregistrés.

Enfin, les monuments enregistrés (登録記念物?) peuvent concerner les bâtiments construits à partir de la restauration Meiji, là encore pour fournir un niveau de protection basé sur l’accompagnement. Au 1er février 2015, 93 monuments étaient enregistrés

Architecture japonaise

L'architecture japonaise (日本建築, Nihon kenchiku?) se caractérise traditionnellement par des structures en bois, légèrement surélevées, avec des toits de tuiles ou de chaume. Des portes coulissantes (fusuma) sont fréquemment utilisées comme cloisons, permettant de modifier la configuration d'un espace.

Au Japon comme dans de nombreux autres pays, l'architecture contemporaine reflète une approche globale et moderne des anciens modèles, qui n'a souvent que peu de rapports avec les constructions japonaises traditionnelles.

Un grand nombre de bâtiments qui subsistent aujourd'hui de l'architecture pré-moderne japonaise sont des châteaux, des maisons de thé, des temples bouddhistes et des sanctuaires shinto de style shinden-zukuri.

Mais de nombreuses habitations traditionnelles populaires minka sont bien visibles aussi et préservées aujourd'hui.

Architecture traditionnelle

L'« essence » de l'architecture japonaise

L'« essence » de l'architecture japonaise ((en) japaneseness) est l'objet de débats sans fin depuis 1955. Pour les uns, c'est l'architecture de style shinden-zukuri, influencée par l'architecture chinoise, aux planchers surélevés et aux espaces libres, correspondant à l'architecture palatiale de l'époque de Heian. Pour les autres, c'est le style minka avec ses types bien distincts les uns des autres, qui se développe au niveau du sol, au contact de la terre, et dont la couverture repose sur de puissantes structures, poteaux et poutres, avec de vastes toits, l'architecture des habitations populaires traditionnelles1.

Le bois est très présent dans l'architecture traditionnelle japonaise car il était efficace pour la résistance aux typhons et aux tremblements de terre. Le climat japonais étant humide, en particulier l'été, les planchers des bâtiments sont souvent surélevés et les espaces sont très ouverts pour assurer une bonne ventilation et prévenir l'apparition de moisissures.

La maison traditionnelle japonaise, en bois et papier, est très ouverte sur la nature, avec des hivers où l'on ressent le froid dans la maison, l'odeur de la terre mouillée quand il pleut et l'air qui circule partout en été et donne une certaine sensation de fraîcheur.

Le permanent

En ce qui concerne la transmission du patrimoine architectural au Japon, l'une des caractéristiques les plus remarquées concerne la reconstruction à l'identique du sanctuaire shinto d'Ise, tous les 23 ans depuis le viie siècle4. Contrairement à l'idée reçue en Occident, la reconstruction à l'identique, shikinen-zōtai, ne s'appliquait traditionnellement qu'aux grands sanctuaires shinto. Après 1868 avec l'ère Meiji, de fortes contraintes budgétaires ont été imposées aux sanctuaires shinto. Il leur était dorénavant interdit de pratiquer la reconstruction intégrale à coté du précédent, le zōtai. Ils firent, dès lors, comme les temples bouddhistes l'avaient fait auparavant, le démantèlement total ou partiel et la reconstruction après changement ou réparation des pièces défectueuses, procédé qui était autrefois appelé le zuihashūri 5.

Depuis l'ère Meiji le grand sanctuaire d'Ise est le seul à bénéficier du shikinen-zōtai, la reconstruction intégrale avec des matériaux neufs et à l'identique à côté du précédent. Cette reconstruction fait partie d'un rituel, le shikinen-sengū, ou « transfert du palais divin », au cours duquel les divinités, considérées comme des êtres vivants se voient offrir des repas chaque jour, leurs vêtements étaient régulièrement changés, leur chambre entretenue et, le moment venu, leurs demeures renouvelées. Le renouvellement (intégral ou partiel) de leurs demeures est reconduit cycliquement tous les 23 ans depuis le viie siècle6. En dehors du sanctuaire d'Ise, environ 150 édifices shinto sont donc reconstruits avec réparations tous les 23 ans, alors que les édifices bouddhiques - dont le pavillon cultuel et la pagode du Hōryū-ji qui datent du viie siècle - ne sont démantelés pour être restaurés que tous les 100 voire 300 ans.

Au début de l'ère Meiji, la pratique traditionnelle qui intégrait la reproduction de l'existant fut modifiée par certaines idées empruntées à l'Occident, comme l'idée de retrouver l'état d'origine d'un bâtiment, suivant l'exemple de Viollet-le-Duc. Les excès en furent corrigés en 1901 et répondent, dès lors, aux exigences actuelles des normes occidentales. Le démantèlement de ces édifices et leur reconstruction ou leur réparation a beaucoup fait pour la transmission des savoirs artisanaux.

L'impermanent

La reconstruction des formes architecturales à l'identique à travers les siècles correspond à la permamence des rituels religieux et la légitimation du pouvoir de la famille impériale. À l'inverse, l'impermanence, le côté transitoire se retrouvent dans toute l'architecture japonaise ancienne. Yagasaki Zentarõ évoque ainsi une architecture fondée sur une trame de poteaux, soit menacée de pourrissement soit reposant sur des pierres, et donc déplaçable. Les assemblages de bois particulièrement sophistiqués le permettent. Elle est donc originellement précaire, provisoire et déplaçable. Ceci est particulièrement évident lorsque l'on voit comme les pavillons de thé ont été déplacés au cours des derniers siècles8. Cette impermanence est tout aussi évidente lorsque l'on regarde le plan en escalier - comme un vol d'oies sauvages - de la célèbre villa impériale de Katsura. Chaque partie est rejetée à l'arrière de la précédente et offre ainsi des vues variées sur le jardin paysagé. Mais le concepteur, le prince Toshihito (1579-1629) n'édifia qu'une petite résidence. Il ne pouvait imaginer les agrandissements successifs9, l'élargissement progressif des toits afin de raccorder les nouveaux bâtiments aux anciens et le beau motif en vol d'oies sauvages. Il ne pouvait pas plus imaginer que cet ensemble serait conservé tel quel et que les générations futures en feraient une œuvre représentative de toute l'architecture japonaise, évolutive.

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Honden, bâtiment principal du sanctuaire shinto Izumo-taisha

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Architecture moderne

Le mouvement moderne

Après 1867, lorsque l'empereur Meiji (Meiji tennō, alias Mutsuhito, 1852-1912) monte sur le trône, les constructeurs japonais sont confrontés aux architectes occidentaux qui œuvrent pour les nouveaux étrangers en résidence. Le gouvernement favorise l'introduction des matériaux étrangers. Des enseignants sont bientôt invités à la nouvelle école d'art technique (Kobu Bijutsu Gakko13, dont Josiah Conder (1852-1920)14. Dès 1876 son élève, le maître charpentier Tadeishi Seiju, fut l'un des tout premiers à produire de nouvelles formes architecturales où les références à la tradition n'apparaissent plus que sur des détails décoratifs15Itō Chūta suit alors Conder dans une démarche historiciste et effectue de nombreux voyages d'étude (1902-05) en Chine, Inde, Turquie et Grèce. Le Taiwan-jingū (1901) qu'il réalise avec Takeda Goichi conserve cet historicisme tardif qui fusionne alors avec l'Art nouveau dans les années 1910. Au tout début du xxe siècle, l'architecture occidentale est très largement copiée sous la forme du style Beaux-Arts16. Il en reste quelques témoins comme la gare de Tokyo (Tōkyō-eki, 1914) et le bâtiment de la Diète nationale (Kokkai, 1920-1936) dans ce style giyōfū (擬洋風?, littéralement « imitation du style occidental »).

La façade de la Diète du Japon (国会, Kokkai, 1920-1936).

L'arrivée des technologies modernes donna une nouvelle impulsion à la construction dans l'archipel avec une extension considérable des banlieues. Ce phénomène fut particulièrement envahissant à Tokyo dès les années 1920-30, lié au développement du transport des passagers par le train17Les compagnies ferroviaires étaient aussi celles qui construisaient, ce qui a entrainé rapidement un étalement urbain spectaculaire et précoce.

Le modernisme en architecture touche cette génération d'architectes dont Yasui Takeo (1884-1955), qui pratique d'abord l'Art nouveau18, puis qui dessine l'Osaka Gas Building construit en 193019 dans un style typiquement moderniste. Entre-temps la Sécession viennoise avait reçu un écho enthousiaste dont témoigne Sutemi Horiguchi (1895-1984). Ces architectes étaient soutenus dans leur ferveur par l'exemple de Frank Lloyd Wright et sa réalisation de l'Hôtel impérial en 192320. Horiguchi, sécessionniste-expressionniste fusionne ainsi le style traditionnel sukiya-zukuri et l'architecture moderniste dès 192521.

 

L'ensemble sportif de Yoyogi des Jeux olympiques de Tōkyō de Kenzō Tange (1961-1964).

La nécessité de reconstruire le Japon après la Seconde Guerre mondiale donna une forte impulsion à l'architecture japonaise, plaçant ainsi les constructions contemporaines japonaises parmi les plus impressionnantes en termes de technologie et de conception formelle. L'architecte japonais contemporain le plus connu à l'étranger est probablement Kenzō Tange. On lui doit l'ensemble sportif de Yoyogi (国立代々木競技場?, en 1964) des Jeux olympiques de Tōkyō, soulignant un contraste entre l'enchevêtrement des murs et piliers du bâtiment avec les toits raides et réminiscents du tomoe, un antique symbole héraldique et religieux en forme de « yin et yang » à trois branches engendrant des rapports de formes et de mouvements dynamiques.

Avec l'arrivée des techniques de construction occidentales et de nouveaux matériaux de nouvelles structures en béton et en acier furent réalisées en contraste fort avec les modèles architecturaux traditionnels. Le Japon joua un rôle moteur dans la conception des gratte-ciel modernes, du fait de sa connaissance parfaite du principe du porte-à-faux qui permet de soutenir de lourdes charges comme les toits lourds des temples. Frank Lloyd Wright fut fortement influencé par les arrangements spatiaux de l'architecture japonaise et sa façon d'interpénétrer les espaces intérieur et extérieur en créant des ouvertures dans les murs à l'aide de portes coulissantes. À la fin du xxe siècle, cependant, seule l'architecture domestique et religieuse japonaise est régie par ce style commun. Les villes se raidirent avec l'arrivée des gratte-ciel modernes : la vue de l'horizon de Tokyo reflète parfaitement l'assimilation des techniques et formes occidentales modernes dans l'architecture nippone en restant fidèle à la tradition architecturale du pays.

 

La mairie de Tokyo et ses tours jumelles de Kenzō Tange (1991).

Le réaménagement de l'espace urbain rendu nécessaire à la suite de la dévastation laissée à la fin de la Seconde Guerre mondiale produisit des architectes majeurs tels que Kunio Maekawa et Kenzō Tange. Kunio Maekawa, en tant que disciple de l'architecte franco-suisse mondialement connu, Le Corbusier, engendra des constructions fonctionnelles et modernes dans un style totalement international. Kenzō Tange, qui travailla d'abord pour Kunio Maekawa, soutint lui aussi le concept de modernité fonctionnelle. Tous deux étaient enclins aux idées d'infusion de l'esthétique japonaise à l'intérieur de la rigidité contemporaine des bâtiments, retournant vers les concepts spatiaux et proportions modulaires traditionnelles issus des tatamis (畳?, nattes de paille). Ils employèrent différents matériaux et textures afin d'égayer l'omniprésence morne du béton armé et de l'acier, intégrant notamment des jardins et des sculptures à leurs constructions.

Tange employa le principe du porte-à-faux dans un système de piliers et de poutres hérités des anciens palais impériaux ; le pilier — un élément traditionnel des constructions de bois japonaises — devint un élément fondamental dans ses conceptions. Fumihiko Maki avança de nouvelles idées d'urbanisation avec ses idées basées sur le principe du cocooning autour d'un espace intérieur (oku), un concept spatial japonais adapté aux besoins urbains. Il préconisa également l'usage d'espaces ouverts (ma), se référant ainsi à l'esthétique japonaise héritée des idées bouddhistes. Cette esthétique typiquement japonaise se retrouve dans l'ensemble des conceptions de Maki, comme la mise en avant d'ouvertures sur d'intimes jardins japonais (日本庭園, nihon teien?) proches du niveau du sol, éludant ainsi les horizons dissonants. Le concept architectural dominant des années 1970, le « métabolisme » de la convertibilité, qui permet de modifier l'utilisation des espaces en les adaptant aux besoins du moment, est fortement présent dans l'ensemble des constructions modernes du pays.

 

Le Kyōto Concert Hall (Kyoto) d'Arata Isozaki. 1995

Arata Isozaki fut un architecte important des années 1970 et 1980, à l'origine étudiant et collaborateur de Tange, il s'inspira également du travail de Le Corbusier en focalisant son attention sur les motifs géométriques et les formes cubiques. Il synthétisa les concepts issus de la technologie des constructions occidentales, en ajoutant, un agencement fonctionnel et des idées esthétiques singulièrement japonaises, dans le but de créer un style japonais moderne. La prédilection d'Isozaki pour le style cubique et la pergola dans ses constructions de grande échelle, pour les voûtes semi-circulaires dans ses bâtiments domestiques, et pour les voûtes disposées en berceau dans ses constructions ovoïdes engendrèrent un nombre remarquable de variations de styles et de formes saisissantes. Les architectes de la nouvelle vague des années 1980 ont été influencés par ces conceptions, prolongeant le modèle équilibré d'Arata Isozaki, souvent par mimétisme, parfois, en allant à l'encontre de celles-ci.

Plusieurs groupes expérimentaux d'avant-garde furent entourés par la nouvelle vague à la fin des années 1970 et durant les années 1980. Ils réexaminèrent et modifièrent les constructions de formes géométriques du modernisme en introduisant des concepts métaphysiques, produisant quelques effets à l'imaginaire surprenant. Par contraste avec les innovations de ces avant-gardistes et leur modernisme à la structure rigide, le minimalisme poétique et expérimental de Tadao Andō incarna le postmodernisme : une approche plus équilibrée et humaniste de l'architecture.

 

Le Westin Awaji Island Hotel sur l'île d'Awaji de Tadao Andō (1991).

Les bâtiments de Tadao Ando étaient pourvus de sources lumineuses variées, issues entre autres de l'utilisation importante de briques de verre et d'espaces ouverts sur le milieu extérieur. Il adapta les cours intérieures des maisons traditionnelles d'Osaka à la nouvelle architecture urbaine, en utilisant des escaliers et des ponts ajourés afin de diminuer l'atmosphère exiguë des logements citadins habituels. Ses idées se répandirent dans les années 1980, quand des bâtiments furent plus généralement placés autour de cours ou de places ouvertes, le plus souvent avec des terrasses disposées en étages, de caillebotis piétonniers, ou de ponts reliant des complexes de bâtiment. En 1989, Tadao Ando devint le troisième Japonais à recevoir le prix de l'Académie française d'architecture, une indication de la renommée internationale des architectes japonais, et beaucoup d'entre eux firent construire des bâtiments importants à l'étranger pendant les années 1980. Les architectes japonais furent reconnus comme n'étant pas seulement d'habiles praticiens du modernisme, mais aussi comme des enrichisseurs du postmodernisme avec des innovations dans les perceptions de l'espace, une texturisation des environnements extérieurs subtile, une utilisation peu commune des matériaux industriels, et une conscience développée des problèmes écologiques et topographiques.

xxie siècle

Médiathèque de Sendai.                                           

 Préfecture de MiyagiTōhoku
Toyo Ito architecte. 2001

 

 

 

Nouveau stade olympique national,

Tokyo. Kengo Kuma architectes. 2019

 

 

 

 

 

 

 

 

Yokohama City Hall. 

Maki and Associates architectes

      

                                         Gare de Harajuku. Design circulation.

                                       21 mars 2020. Quartier de Shibuya. Tokyo

Dans les années 2010, plusieurs bâtiments emblématiques d'après-guerre sont démolis : l'hôtel Okura de Tokyo en 2015, le musée d'art moderne de Kamakura (en) en 2016, et le Sony Building en 2017. Le Nakagin Capsule Tower est également menacé25.

L'architecture contemporaine au Japon pourrait être concernée par l'évolution de l'urbanisme au Japon, dans les années 2020, avec l'émergence du concept de ville compacte (compact city) en raison de l'étalement urbain (années 1960s et 1980s) et de la baisse de la natalité et du vieillissement de la population26.

Les savoir-faire, les techniques et les connaissances traditionnels liés à la conservation et à la transmission de l’architecture en bois au Japon sont inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en décembre 2020 par l'UNESCO27.

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Onagawa Station (en) après le tsunami de 2011. Shigeru Ban. 2015

Shibuya Stream (dir. Google-Japon). Tokyo. Kengo KumaSANAA et Nikken Design. 

Métro Shibuya, G01, Z01 F16. Le 3 janvier 202024

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Un peu d'histoire

Cette partie n'évoque que les bâtiments de prestige, lesquels relèvent du style shinden-zukuri.

Périodes Asuka et Nara (de 538 à 784)

 

             Hōryū-ji.

Les premières constructions Bouddhistes encore existantes au Japon, ainsi que les bâtiments en bois les plus anciens en Extrême-Orient se trouvent à Hōryū-ji (法隆寺?, « temple de la Loi florissante ») dont la construction débuta en 607), au sud-ouest de Nara. Construit au début du viie siècle, ce temple privé du prince Shotoku (聖徳太子, Shōtoku taishi?574-622), se compose de 41 bâtiments indépendants. Le plus important de tous étant le temple principal du culte, ou kondō (金堂?, salle d'or), et le gojū-no-tō (五重の塔?pagode à cinq étages), érigé au centre d'un espace ouvert entouré par un cloître couvert. Le kondō, construit selon l'ordonnancement des temples du culte chinois, est une structure à deux étages faite d'un enchevêtrement poutres de piliers, recouverte par un irimoya (入母屋?), un toit à pignon incliné élaboré à l'aide de tuiles en céramique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Daibutsu-den (« salle du Daibutsu ») au Tōdai-ji à Nara (reconstruction du xviie siècle).

La construction des temples du viiie siècle a été focalisée autour du Tōdai-ji (大寺?) réalisé entre 745 et 752) à Nara. Construit comme le centre d'un réseau de temples provinciaux, le Tōdai-ji est le complexe religieux le plus ambitieux érigé au début de l'émergence du bouddhisme au Japon. Le Bouddha d'une hauteur de 14,98 m (achevé en 752) qui repose dans le temple principal, ou Daibutsu (大仏?, « Grand Bouddha »), est un Bouddha Rushana (盧舎那仏?), une figure représentant l'essence de la bouddhéité. De la même façon, Tōdai-ji représentait le centre du bouddhisme impérial, participant de manière importante à la diffusion du culte dans l'ensemble du Japon. Aujourd'hui, seuls quelques fragments de la statue originelle subsistent encore, le temple actuel et le Bouddha central étant des reconstructions de l'ère Edo.

 

Détail d'architecture de type azekura-zukuri.

Le style azekura-zukuri (校倉造?) au Shōsō-in (760) se caractérise par ses poutres de section triangulaire assemblées horizontalement et s'entrecroisant aux angles.

 

Kondo du Toshodai-ji, Nara. Vue des entraits et des kaerumata fermés10 de la travée de la façade11

Le Toshodai-ji (v. 770), à Nara, un temple privé, ne pouvait pas avoir la taille des temples d'État. Pour compenser cette limite, une baie supplémentaire qui longe toute la façade permet de créer un vaste promenoir abrité (hisashi). Des entraits retroussés en arc-en-ciel s'étendent entre les piliers intérieurs et extérieurs de cet espace. Ceux-ci ont été ultérieurement redoublés par une poutre transversale.

Époque de Heian (de 794 à 1185)

Le Tō-ji (東寺?, « temple de l'Est ») et sa pagode, près de Kyoto longtemps sous la direction de Kūkai (823).

En réaction à la prospérité et au pouvoir grandissant du bouddhisme organisé à Nara, le prêtre Kūkai (空海, 774-835?), plus connu sous son titre posthume : Kōbō Daishi (弘法大師?) voyagea jusqu'en Chine pour étudier le Shingon (真言?), une forme de bouddhisme vajrayāna qu'il introduisit au Japon en 806. Au centre du culte Shingon se trouvent divers mandalas, diagrammes de l'univers spirituel qui influença le style de temple. L'architecture bouddhique japonaise adopta aussi le stūpa dans sa forme chinoise de pagode.

Les temples érigés pour cette nouvelle secte ont été construits dans les montagnes, loin de la cour et des profanes de la capitale. La topographie irrégulière de ces sites obligea les architectes japonais à repenser les problèmes de construction des temples et donc à choisir plus d'éléments de décor autochtones. Des toits en écorce de cyprès remplacèrent ceux en tuiles de céramique, des planches de bois furent utilisées à la place des sols en terre et un lieu de culte séparé fut ajouté en face du sanctuaire principal pour les laïcs.

Pendant l'époque Fujiwara, le bouddhisme Jōdo (淨土?, bouddhisme de la « Terre pure »), qui offrait un salut facile grâce à la croyance en Amida (阿弥陀?, le « Bouddha du paradis de l'Ouest »), devint populaire. En opposition, la noblesse de Kyoto développa une société dévouée à la recherche de l'élégance esthétique. Leur monde était si beau et rassurant qu'ils ne pouvaient pas concevoir que le Paradis en fût bien différent. La salle d'Amida, mêlant le religieux et le profane, abrite une image ou plus de Bouddhas à l'intérieur d'une structure ressemblant aux manoirs de la noblesse.

 

Le hōōdō du Byōdō-in à Uji près de Kyoto (1053).

Le hōōdō (« salle du phénix », achevée en 1052) du Byōdō-in (平等院?), un temple dans l'Uji (宇治市,, uji-shi?) au sud-est de Kyōto, est le type même des salles Amida de l'époque Fujiwara. Il se constitue d'une structure principale rectangulaire flanquée de deux ailes de couloirs en forme de « L » et d'un corridor de queue, situé à la lisière d'un large étang artificiel. À l'intérieur, une unique représentation dorée d'Amida (aux environs de 1053) est placée sur une haute plateforme. Cette sculpture a été réalisée par Jōchō (定朝?, mort en 1057) qui utilisa de nouveaux canons de proportions ainsi qu'une nouvelle technique yosegi (寄木?) qui consiste à tailler une statue dans plusieurs morceaux de bois et de les assembler par l'intérieur. Sur les murs sont gravés les reliefs en bois coloré de 52 effigies des Bosatsu (Bodhisattva) qui accompagnent Amida dans sa descente du Paradis de l'Ouest pour accueillir l'âme des fidèles à leur mort et les ramener dans des pétales de lotus. Cette descente, appelée raigō (来迎?), peinte sur les portes en bois du hōōdō, est un exemple précurseur du yamato-e (大和絵?, un style de peinture japonais) car elle contient des représentations des paysages autour de Kyōto. Le hōōdō est actuellement un musée.

Époque de Kamakura (de 1185 à 1333)

Pendant l'époque Kamakura, l'architecture japonaise connait des avancées technologiques qui divergent du style chinois, avec l'apparition des styles Daibutsuyō et Zenshūyō, qui répondent aux besoins de protections contre les tremblements de terre et les fortes pluies. Le développement principal de cette période a été la mise en place de la cérémonie du thé (茶の湯, chanoyu?) engendrant la construction de maisons où se tient cette manifestation : les maisons de thé (茶室, chashitsu?). Cette cérémonie consistant à passer du temps avec des personnes appréciant les arts, en se nettoyant l'esprit avec un bol de thé servi de façon gracieuse. Le modèle rustique des petites maisons rurales fut adopté pour la création de ces bâtiments, mettant en avant des matériaux naturels comme des bûches recouvertes de leur écorce et la paille tissée.

Époques Muromachi (1336-1568) et Azuchi Momoyama (1568-1615)[modifier | modifier le code]

 

Le château de Himeji (姫路城, Himeji-jō?, 1346-1618).

Deux nouvelles formes d'architecture furent développées en réponse au climat militaire de cette époque :

  • le château, une structure défensive construite pour loger un seigneur féodal (大名, daimyo?) et ses soldats en période de trouble ;

  • le shoin, un hall de réception privé, conçu pour refléter les rapports entre seigneurs et vassaux dans la société féodale émergente.

Le château de Himeji (姫路城, Himeji-jō?, 1346-1618), aussi connu sous le nom de « Château du héron blanc » (白鷺城, Hakuro-jō?), avec ses toits courbés élégants et son complexe de trois tours bâties autour du donjon principal (天主, tenshu?), est une des structures les plus belles de l'ère Azuchi Momoyama.

L'ōhiroma (大広間?, grande salle de réception de la partie extérieure de l'enceinte) du château de Nijō (二条城, Nijō-jō?, construit durant le xviie siècle) à Kyōtō est une construction classique de shoin-zukuri, avec son tokonoma (床の間?, une sorte d'alcôve), donnant, par l'intermédiaire d'une fenêtre, sur un parc soigneusement aménagé, différencie clairement les secteurs pour les seigneurs de Tokugawa (徳川将軍?, 1603-1867) et ceux pour leurs vassaux[pas clair].

Époque d'Edo (de 1603 à 1867)

Jardin de la villa impériale de Katsura (1615).

Le palais isolé de Katsura (桂離宮, Katsura rikyū?) à Kyoto, contient trois bâtiments de type shoin, les trois bâtiments étant de style shoin-zukuri avec des toits irimoya-zukuri sukiya-zukuri. Le complexe est entouré dans sa totalité par un magnifique jardin ponctué de cinq pavillons de plaisance, et parcouru de chemins piétonniers.

La ville d'Edo (江戸?) fut, à plusieurs reprises, sujette à des incendies violents brutaux et ce qui entraîna l'élaboration d'une architecture simplifiée afin de pouvoir reconstruire facilement la ville après ces sinistres. Le bois de charpente des bâtiments était recueilli et stocké dans des villes voisines lorsque l'hiver approchait, étant donné que le temps sec aidait à la propagation du feu. Une fois qu'un feu éclatait et était maîtrisé, le bois était renvoyé à Edo et les quartiers de la ville étaient rapidement reconstruits. En raison de la politique des shoguns du sankin-kōtai (参勤交代?, littéralement « échanges assidus déroutants ») les daimyos firent construire de grandes maisons ainsi que des parcs pour leur propre plaisir et celui de leurs invités. Kōraku-en (後楽園庭園, kōrakuen teien?) est un parc de cette époque qui existe toujours et est ouvert au public.

wikipedia

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Les sakura ou cerisier japonnais

Les cerisiers du Japon sont des cerisiers à fleurs (prunus) dont il existe de très nombreuses variétés. On trouve des cerisiers à fleurs dans le monde entier et ils sont particulièrement courants dans les régions de l’hémisphère nord au climat tempéré, notamment au Japon, en Chine et en Corée, ainsi qu’au Népal, en Inde, au Pakistan, en Iran, en Afghanistan et dans plusieurs régions du nord de l’Europe.


Le Japon est particulièrement célèbre pour ses cerisiers en raison du grand nombre de variétés différentes que l’on y trouve et des célébrations qui ont lieu dans tout le pays durant la saison de floraison. Lorsque les bourgeons s’épanouissent dans les parcs et dans les rues de tout le pays, les gens organisent des pique-niques et des hanami (contemplation des fleurs) pour apprécier la beauté éphémère des fleurs et accueillir les beaux jours. Les cerisiers en fleur sont appelés « sakura » en japonais et il n’est pas exagéré de dire qu’ils suscitent une véritable fascination chez les Japonais.

Les différentes variétés de cerisiers fleurissent à des périodes différentes, mais, à Tokyo, la plupart atteignent leur pic de floraison entre fin mars et début avril. Durant cette saison, l’atmosphère change. Tout comme le printemps apporte la promesse d’une nouvelle vie et de nouveaux départs, le doux parfum des fleurs apporte dynamisme et optimisme dans les rues. Les fleurs de cerisiers deviennent un sujet de conversation quotidien et il est courant de voir des gens s’arrêter dans la rue pour photographier un cerisier en fleur sous tous les angles. Dans les magasins, les articles et les décorations deviennent roses, les pâtisseries en forme de fleur et les boissons au goût de sakura apparaissent aux menus des différents établissements – à tel point que les boissons sur le thème des sakura des cafés Starbucks sont devenues cultes !
Des festivals des cerisiers en fleur se tiennent dans de nombreux parcs et châteaux à travers tout le Japon, mais la beauté des cerisiers est également célébrée dans le monde entier. Visibles un peu partout, aussi bien dans l’art traditionnel et les peintures que sur les tapisseries et même les tatouages, les fleurs de cerisiers, délicates et éphémères, captivent le cœur et l’imagination des gens de toute la planète.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Où trouver des sakura ?

La variété de cerisier la plus commune au Japon est le Somei-Yoshino, ou cerisier de Yoshino, une variété hybride issue de deux autres espèces. Elle est connue pour ses pétales presque entièrement blancs, teintés de rose pâle. Ces cerisiers sont souvent plantés le long des rivières ou des douves des châteaux, formant un tunnel de nuances pâles et chatoyantes qui se reflètent sur l’eau. On en trouve également dans les parcs et les écoles.


Une autre magnifique variété de cerisier est le Kawazu-zakura que l’on trouve couramment dans la région de Kawazu située dans la partie sud de la péninsule d’Izu, à un peu plus de 2 h 30 de train de Tokyo. Les fleurs de cette variété ont une nuance de rose plus prononcée que le Somei-Yoshino. Elles fleurissent environ un mois plus tôt, généralement entre fin février et début mars. Le festival des cerisiers en fleur de Kawazu-zakura est un événement spectaculaire qui attire chaque année près d’un million de personnes.
Toutefois, si vous ne visitez pas le Japon au printemps, vous pourrez tout de même trouver d’autres fleurs. Le shikizakura, littéralement « sakura des quatre saisons », fleurit deux fois par an et est très populaire dans la préfecture d’Aichi où, en automne, on peut admirer simultanément le contraste entre les feuilles rouges éclatantes et les délicates fleurs roses.


Pour ceux qui souhaitent faire pousser leur propre sakura, il est devenu populaire d’acheter un arbre, de le planter et de le faire pousser soi-même. Les magasins de bricolage et de jardinage de type Home Depot aux États-Unis vendent des arbres prêts à planter pour les botanistes en herbe. Au Japon, on trouve également des bonsaïs de cerisier aux formes exquises. Ces arbres miniatures combinent donc à merveille deux symboles de la culture japonaise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Signification et symbolisme des fleurs de cerisier

L’esthétique des fleurs de cerisier est l’une des images les plus caractéristiques de la culture japonaise. On peut en voir partout, sur les paysages féériques des ukiyo-e (estampes gravées sur bois), sur les paravents traditionnels (byobu) aux motifs délicats, ainsi que sur les articles quotidiens tels que les boîtes à bento, et sans oublier leurs apparitions courantes dans l’art moderne, les mangas et les anime.
Ces fleurs délicates ont inspiré d’innombrables poèmes dédiés à la beauté qu’elles confèrent au paysage et suscitent l’admiration des gens qui les apprécient chaque printemps. Citons, par exemple, les mots frappants du moine et poète bouddhiste zen japonais Ikkyu (1394–1481) : « Brisez un cerisier et vous n’y trouverez nulle fleur ; mais la brise printanière, elle, apporte une myriade de fleurs. »
L’une des raisons de la popularité des fleurs de cerisier réside dans leur symbolisme. On dit qu’elles ressemblent à des nuages, car elles fleurissent toutes en même temps et sont suspendues sur les arbres comme pour les envelopper dans un brouillard. Puis, tout comme les nuages, elles disparaissent soudainement. De ce fait, elles symbolisent l’éphémérité et la nature passagère de la vie. Cela reflète un concept bouddhiste, ancré depuis longtemps dans la culture japonaise, appelé « mono no aware », c’est-à-dire « l’empathie envers les choses » qui reconnaît à la fois la beauté et la mortalité inhérentes à la vie.

Les fleurs de cerisier s’épanouissent à des moments différents selon les régions, mais elles sont généralement associées à la fin du mois de mars et au début du mois d’avril. C’est la période de la fin de l’année scolaire, mais aussi un nouveau départ, car c’est le moment où les étudiants obtiennent leur diplôme et entrent sur le marché du travail. Cette période de l’année est considérée comme la fin d’un chapitre et le début du suivant. En japonais, le mot « natsukashi » exprime une sorte de nostalgie teintée à la fois de bonheur et de tristesse. Du fait de leur période de floraison, les fleurs de cerisier incarnent également ce sentiment de nostalgie pour de nombreux Japonais.

Les cerisiers en fleur au Japon

Admirer et célébrer les cerisiers en fleur est un loisir national au Japon. Les prévisions de la floraison des cerisiers à Tokyo et dans les autres villes de l’île principale de Honshu commencent dès janvier. Les discussions passionnées pour savoir où voir les fleurs, quels sont les sites populaires et les lieux secrets pour les admirer ne manquent pas. Amis, camarades de classe et collègues organisent des pique-niques sous les cerisiers pour apprécier les fleurs, passer un moment agréable et accueillir le printemps.

La saison des cerisiers en fleur au Japon

En général, on dit que la saison des cerisiers en fleur au Japon s’étend de fin mars à avril, mais du fait de l’étendue géographique du pays, la période de floraison s’étend en réalité sur environ quatre mois !
Dans les îles subtropicales d’Okinawa au sud, les fleurs de cerisier commencent à fleurir à la mi-janvier, le meilleur moment pour les admirer étant vers début février.


Ensuite, c’est au tour des villes du sud du pays, telles que Kagoshima, Kumamoto et même Fukuoka sur l’île de Kyushu, de voir leurs cerisiers fleurir au cours de la dernière semaine de mars, avec un pic de floraison au début du mois d’avril.


La floraison se propage ensuite vers le nord jusqu’au Kansai (Osaka, Kyoto et Nara) où les fleurs s’épanouissent alors que le mois de mars laisse la place au mois d’avril.
À Tokyo et Yokohama, la floraison a tendance à commencer dans les derniers jours de mars avec une pleine floraison durant la première semaine d’avril.


Dans les villes du nord du Tohoku, les cerisiers commencent à fleurir en avril. À Hirosaki, à l’extrémité nord de Honshu, les cerisiers atteignent leur pic de floraison au cours de la dernière semaine du mois.
Et bien évidemment, l’île nord de Hokkaido vient en dernier. La floraison commence généralement durant la première semaine de mai dans les villes de Sapporo et de Hakodate, avec un pic de floraison quelques jours plus tard.

Les festivals des cerisiers en fleur

Afin d’accueillir le printemps, ou peut-être aussi parfois juste comme une occasion de faire la fête, des hanami (littéralement « contemplation des fleurs ») sont organisés dans tout le Japon. Ce sont généralement des rassemblements informels entre amis et en famille, mais les entreprises organisent aussi leurs propres petites fêtes, souvent dans les parcs à proximité de leurs bureaux. Un hanami implique normalement de choisir un endroit avec une grande concentration de sakura pour y faire un pique-nique. À Tokyo, le parc de Yoyogi est un site très populaire pour les hanami, si bien que les gens y viennent très tôt pour réserver leur place. Habituellement, des bâches en plastique bleu sont utilisées comme tapis. Tout le monde retire ses chaussures, s’assoit et se met à l’aise pour passer un long moment sous les cerisiers. Chacun apporte de la nourriture et des boissons à partager avec le groupe. Les bento sur le thème des sakura rencontrent un grand succès, avec des aliments en forme de fleur et des décorations toutes roses. Il est également très courant de manger du sakura mochi, un gâteau de riz enveloppé dans une feuille de cerisier.


Dans de nombreuses villes, des festivals des cerisiers en fleur sont également organisés. Le soir, les illuminations créent une atmosphère féérique avec les délicates fleurs qui brillent dans la pénombre. Des sakura sont traditionnellement plantés dans les parcs des châteaux où la foule afflue pour prendre des photos des délicates fleurs avec le château blanc sur fond de ciel bleu vif, ou bien pour photographier les reflets roses dans les douves du château. Le festival des cerisiers en fleur de Hirosaki à Aomori est particulièrement célèbre et attire plus de deux millions de visiteurs. Hirosaki est réputé comme l’un des cent meilleurs sites du Japon pour l’observation des cerisiers en fleur et l’un des cent plus beaux sites du Japon. À Tokyo, le canal de Nakameguro devient un lieu enchanté avec les reflets des fleurs et des lanternes qui scintillent dans une ambiance magique.

Si vous pouvez visiter le Japon pendant la saison des cerisiers en fleur, ne manquez pas cette opportunité qui rendra votre voyage inoubliable.

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Himeji et sakura en fleurs

Somei - Yoshino

Kawazu zakura

Bonzai cerisier

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Hanami, festival du printemps

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Festival des sakura

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