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Un peu de sérieux voici la mafia

On ne saurait parler du Japon, sans évoquer le terme yakusas. Encore connue sous le nom de mafia japonaise, leur origine remonte au XVIe siècle. De nos jours, ils sont considérés comme l’une des plus grandes associations criminelles dans le monde. Toutefois, les membres de ce syndicat du crime sont des acteurs non-négligeables de la scène économique japonaise. Ils sont également très présents dans les domaines économique et social.

Côté organisation, la mafia japonaise est divisée en 4 principaux clans. Malgré cette division qui suggère des intérêts divergents, toutes les familles obéissent à une organisation hiérarchique très stricte. Sur le plan physique, ils se distinguent des autres individus de la société par leur code vestimentaire. De plus, les membres de cette association sont friands de Mercedes noire aux vitres teintées. Source d’inspiration pour la culture japonaise, l’univers des yakusas est un mystère que l’on souhaiterait percer.

Afin d’approfondir les connaissances sur les yakusas, nous aborderons dans un premier temps le fonctionnement de la mafia japonaise. Plus spécifiquement, nous parlerons du recrutement, de la hiérarchie, des règles à respecter et des sanctions en cas de fautes. Dans un second temps, nous décrirons de manière brève les 4 principales familles. Troisièmement, nous énumérerons quelques activités pratiquées par les membres de cette organisation. Et en bonus, nous citerons quelques œuvres artistiques inspirées de la vie des yakusas (films, mangas et jeux vidéo).

 

COMMENT FONCTIONNE LA MAFIA JAPONAISE ?

Le yakusa regroupe des membres soucieux du bon fonctionnement et de la pérennitéde l’association. C’est dans cette optique, qu’ils ont mis en place des règles à respecter si l’on souhaite être membre de ce syndicat et le demeurer.

LE RECRUTEMENT

Le recrutement de membres dans la mafia japonaise est une opération très délicate. En effet, c’est un processus très concurrentiel. De ce fait, les candidats désireux d’appartenir à l’organisation doivent présenter des atouts particuliers. Généralement, les membres sont recrutés par une famille dès le lycée. En ce qui concerne les origines, les adhérents viennent de milieux divers et variés. Dans la plupart des clans, les communautés burakumin et coréenne sont les plus représentées.

En se basant uniquement sur les compétences, les individus des deux sexes peuvent être recrutés. Très souvent, les qualités recherchées chez les hommes sont l’intelligence, la droiture, la minutie entre autres. Les femmes quant à elle, n’ont pas besoin de qualifications particulières. En effet, elles agissent dans l’ombre. Le plus souvent, elles gèrent les restaurants, les bars, les night clubs ou tous autres lieux de détente.

L’ORGANISATION HIÉRARCHIQUE DE LA MAFIA JAPONAISE

La mafia japonaise attache une grande importance au strict respect de la hiérarchie. Structurellement, l’organisation hiérarchique des yakusas est pyramidale. Tout en haut de la pyramide, nous avons le chef du clan. Généralement, appelé oya ou oyabun les autres membres du syndicat lui doivent obéissance aveugle et fidélité inconditionnelle. Très souvent, ce titre se transmet de père en fils. Mais exceptionnellement, le patron du clan peut choisir une personne en qui il a confiance comme successeur.

Ne pouvant pas gérer le clan de manière efficace tout seul, l’oya s’est entouré d’un conseil. Communément appelé komon, il regroupe des avocats, des comptables… Ceux-ci ont pour mission de s’occuper de l’aspect administratif du clan. A la tête du conseil se trouve le saikō-komon, administrateur le plus proche du chef de clan.

En deuxième place dans la famille, on a le waka-gashira. Jouissant d’une grande autorité, il est chargé de diriger les cadres du conseil. Pour l’épauler dans sa tâche, il a un second le shatei-gashira. Ce dernier assure le relais entre le waka-gashira et les membres de rangs inférieurs. Le bas de la pyramide est composé des personnes de rangs intermédiaires ; des cadets(wakachū) ; des frères(kyōdai) ; des petits frères(shatei) et des apprentis(junkōseiin).

 

LES RÈGLES À RESPECTER DANS LES CLANS DE LA MAFIA JAPONAISE

Le syndicat du crime japonais, est régit par une multitude de règles bien précises. En effet, dans cette organisation, tout est réglementé. Qu’il s’agisse de la manière dont on salue un membre de rang inférieur ou supérieur; de la manière de demander la parole lors des assemblées ; ou de la façon de s’adresser aux gens ; absolument tout, est très différent de la vie ordinaire en dehors de l’association.

Tout de même, les 9 règles considérées comme fondamentales dans la mafia japonaise sont les suivantes :

  • Ne pas offenser les citoyens qu’ils soient du clan ou pas

  • Il ne faut jamais convoiter la femme d’autrui

  • Ne jamais voler l’organisation

  • Ne jamais se droguer

  • Toujours obéir et respecter son supérieur

  • Être capable de mourir ou de faire de la prison pour le chef de clan

  • Ne jamais parler du groupe à quiconque

  • Si l’on est arrêté et mis en prison, ne jamais rien dire ; toujours garder le silence

  • Ne jamais tuer une personne surtout si elle n’appartient pas à la pègre.

 

 

LE DÉROULEMENT DE LA CÉRÉMONIE D’INTRONISATION

La cérémonie d’intronisation dans la mafia japonaise est une grande réjouissance non seulement pour les apprentis, mais aussi pour les membres. Généralement, avoir le statut de membre à part entière n’est pas du tout facile. Dans les différents clans, l’apprenant doit prouver qu’il est attaché aux valeurs et traditions de la famille. De plus, l’apprentissage dure 6 mois. Et ce n’est qu’à l’issue de cela, que les aspirants qui se sont montrés dignes seront intronisés.

Habituellement, la date du rituel est fixée en accord avec le calendrier lunaire. Quel que soit son rang, tout participant à cette cérémonie doit porter un kimono. Au moment de l’entrée, tous les participants sont alignés suivant un certain ordre et dans le silence total. Pour ce qui est de la salle de cérémonie, il s’agit d’une pièce traditionnelle. Sa particularité, est qu’elle possède un autel shintoïste et une table où sont rangés les cadeaux.

Lors de la cérémonie, l’oya et l’aspirant s’agenouillent en face des témoins. L’un près de l’autre, ils préparent ensemble un mélange de saké, de sel et d’arêtes de poisson. Ensuite, ils versent le liquide dans deux coupes bien distinctes. Puis, chacun boit une gorgée du contenu de sa coupe. Après cela, l’oya et l’aspirant s’échangent de coupe et chacun d’eux ingurgitent de nouveau une gorgée. Par cet échange, le nouveau membre scelle son appartenance à la famille.

Enfin, le chef du clan fait un discours dans lequel il souhaite la bienvenue au nouveau membre. Très souvent, il profite aussi pour rappeler aux différents membres présents les principes de la famille. Pour marquer leur accord, ils crient tous en cœur « Omedetō gozaimasu »

Remarque : la coupe du nouveau membre est appelée Oyako Sakazuki. S’il souhaite quitter la famille, il suffit qu’il rende la coupeà son chef.

 

LES DIFFÉRENTES SANCTIONS DE LA MAFIA JAPONAISE

Afin de dissuader les membres de la mafia japonaise d’enfreindre le règlement, il existe des sanctionsproportionnelles aux fautes commises. L’une d’elle est dénommée Yubitsume. En effet, s’agit d’une cérémonie de départ ou de licenciement. Au cas où un membre enfreint le code d’honneur, il doit se mutiler le petit doigt lui-même. Ensuite, il l’offrira au chef clan. De plus, il devra rendre sa coupe reçue pendant l’intronisation.

En cas de récidive, il devra à nouveau se couper un doigt pour se faire pardonner. Lorsque le doigt est offert au chef du clan, il est qualifié de doigt mort (shini-yubi). Dans certaines circonstances, on peut aussi offrir le doigt coupé à un autre clan pour résoudre un problème. Dans ce cas, on l’appelle iki-yubi (doigt vivant).

En cas de faute très grave, la coupable reçoit une lettre d’exclusion assez particulière. Connue sous le nom de Hamonjyo, elle l’empêche également d’intégrer une autre famille. En fonction de la couleur de l’encre, elle peut traduire une exclusion temporaire (noir) ou définitive(rouge). Enfin, la réglementation en vigueur prévoit un suicide par éventration lorsqu’il s’agit d’une disgrâce trop grande.

LES PRINCIPALES FAMILLES DE LA MAFIA JAPONAISE

A ce jour, on dénombre 4 grandes familles de mafia japonaise. Même si les règles de base sont semblables, chaque clan a tout de même ses particularités.

 

MAFIA JAPONAISE YAMAGUCHI-GUMI

Le Yamaguchi-gumi représente actuellement la plus grande famille mafieuse au Japon. Elle doit son nom à son créateur Harukichi Yamaguchi. Créé en 1915, ce clan, dont le siège initial se trouve à Kōbe a étendu ses activités dans tout le pays. Et même au-delà des frontières. On pense qu’elle mènerait également des opérations en Asie et aux États-Unis. Malheureusement, à cause des conflits internes et des lois antigangs, le clan a éclaté en deux au cours de l’année 2015. Le groupe sécessionniste a conservé le siège de Kōbe. Le clan de base, quant à lui, s’est vu dans l’obligation de trouver un nouveau siège à Tokyo.

 MAFIA JAPONAISE SUMIYOSHI- RENGŌ

En considérant le nombre d’adhérent, cette famille est la deuxième plus importante. Lors du dernier recensement en 2013, ce clan était constitué de 9500 membres. A la tête de cette famille se trouve un chef nommé Hareaki Fukuda. Contrairement à la plupart des familles, ce dernier partage son pouvoiravec les autres membres de l’association.

 

MAFIA JAPONAISE INAGAWA-KAÏ

Organisation constituée de 5000membres, cette famille est la troisième plus importante du point de vue des effectifs. Malgré cet effectif réduit, cette association est très ambitieuse. En effet, elle fait partie des premiers clans à avoir essayé des opérations hors du Japon. Actuellement âgé et malade, le chef Kakuji Inagawa sera certainement remplacé par son petit-fils Kakuji Inagawa après sa mort.

MAFIA JAPONAISE TŌA YUAI JIGYŌ KUMMIAI

Constituée majoritairement de coréens, cette famille a été fondée par Hisayuki Machii en 1948. Aujourd’hui elle compte environ 1000 membres ayant à leur tête Satoru Nomura. Selon certaines sources, leur siège serait basé à Tokyo.

 

QUELQUES ACTIVITÉS PRATIQUÉES PAR LES MEMBRES DE LA MAFIA JAPONAISE.

L’économie est un aspect très important pour le bon fonctionnement de la mafia japonaise. Afin de subvenir aux besoins de ses membres, cette organisation mafieuse développe des activités à but lucratif. Les plus rentables sont les suivantes : 

La lutte professionnelle : ici, les membres du clan ne participent pas directement au combat. Très souvent, les clans sont les propriétaires des arènes et stades où se déroule le spectacle. Ainsi, ils se font de l’argent en touchant un pourcentage sur les entrées.

Les jeux et paris divers :c’est un secteur d’activité très lucratif au Japon. Grace à leur position stratégique dans le pays, la mafia se fait énormément d’argent avec des tournois de sumo, les courses (chevaux et automobiles) ainsi qu’à la loterie et aux casinos. Ils contrôlent aussi des salles de pachinko.

La prostitution : l’industrie du sexe au Japon est principalement gérée par les yakusas. D’une part, il y a des femmes qui se prostituent par obligation. Et d’autre part, il y en a qui le font de manière volontaire. L’objectif étant soit d’améliorer leur condition, soit de s’offrir des objets de grande valeur.

Les trafics de tout genre :notamment le trafic de drogue, le trafic d’armes et aussi l’immigration clandestine. Bien qu’illégales et de ce fait exercé clandestinement, ces activités rapportent des milliards à la mafia japonaise chaque année.

Les yakusa

Un yakuza (ヤクザ?) est un membre d'un groupe du crime organisé au Japon (mafia). Les yakuzas sont représentés par quatre principaux syndicats, présents sur tout l'archipel, et possèdent également des ramifications dans la zone Pacifique, et même en Allemagne et aux États-Unis. Ils étaient officiellement 28 200 membres fin 20191, au sens large du terme.

Ils seraient la plus grande organisation de crime organisé sans être pour autant secrète. Ainsi, les clans ont généralement pignon sur rue, la plupart du temps sous couvert d'une structure légale de type associatif

L'organisation interne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Organisation typique d'un clan yakuza.

Les yakuzas ont une structure semblable à celle de la mafia sicilienne, le clan (組, kumi?) étant organisé comme une famille (一家, ikka?)44. Ils ont adopté la structure hiérarchique traditionnelle de la société japonaise, pyramidale, mais aussi familiale, bien que les membres ne soient pas liés par le sang.

Le chef de clan (組長, kumichō?) est considéré comme un patriarche, et appelé oya (親?) ou oyabun (親分?, littéralement « parent, chef », l'équivalent du parrain). Ce titre se transmet de père en fils, comme une sorte de droit féodal, ou à une personne en qui l’oyabun a une complète confiance. Chaque membre (組員, kumi-in?) accepté chez les yakuzas doit accepter ce statut de kobun (子分?, littéralement « enfant, protégé »), en promettant la fidélité inconditionnelle et l'obéissance à son patron45. Toute la structure se fonde sur cette relation oyabun-kobun. L’oyabun, en tant que bon père, est obligé de fournir la protection et les bons conseils à ses enfants. Chacun des protagonistes respecte le code du jingi (仁義?, justice et devoir). Chaque kobun peut à son tour devenir « parrain » quand il le souhaite, tout en gardant son affiliation avec son propre oyabun, et ainsi agrandir l'organisation mère.

Le chef de clan est entouré de conseillers (顧問, komon?), le plus proche étant appelé saikō-komon (最高顧問?). C'est un poste administratif qui s'occupe de l'état-major (avocats, comptables, etc).

Sous le chef se trouve le kashira (頭?), ou plus précisément le waka-gashira (若頭?) : c'est le numéro deux de la « famille »46. Il dirige les cadres (幹部, kanbu?), tels que le directeur général (本部長, honbuchō?), le directeur du comité d'organisation (組織委員長, soshiki iinchō?) ou encore le chef du secrétariat (事務局長, jimukyokuchō?)46. Son « petit frère », le shatei-gashira (舎弟頭?)47, est de même rang, mais inférieur en autorité. Il est un relais entre les rangs inférieurs et le numéro deux du clan.

Les rangs intermédiaires, les cadets (若中, wakachū?), sont composés des kyōdai (兄弟?, les « frères »), et le bas de la hiérarchie par les shatei (舎弟?, petits frères)47,48. Les apprentis sont appelés junkōseiin (準構成員?).

Les rituels et usages

« Il y avait des règles précises pour pratiquement tout - de la façon dont on salue quelqu'un au-dessous ou au-dessus de soi, la façon de parler aux gens, la façon d'indiquer que vous les écoutez, tout. C'est un monde féodal, très différent de la vie ordinaire extérieure. Et ça va même jusqu'à influencer les relations que vous avez avec les femmes. »

— Saga Junichi, Mémoires d’un yakuza

La « voie chevaleresque »

Les yakuzas suivent le gokudō (極道?)2, la voie extrême. Mais ils ont également un certain « code d'honneur ». En effet, l’intégration de rōnin au xve siècle leur a apporté un certain nombre de règles, à l’image du Bushido chez les Samouraïs. Cette ligne de conduite, le Ninkyōdō (la voie chevaleresque), contient 9 règles :

  1. Tu n'offenseras pas les bons citoyens.

  2. Tu ne prendras pas la femme du voisin.

  3. Tu ne voleras pas l'organisation.

  4. Tu ne te drogueras pas.

  5. Tu devras obéissance et respect à ton supérieur.

  6. Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui.

  7. Tu ne devras parler du groupe à quiconque.

  8. En prison tu ne diras rien.

  9. Il n'est pas permis de tuer un katagi (personne ne faisant pas partie de la pègre).

La règle 9 n'est pas souvent appliquée, et peu de clans suivent encore cette éthique, et les traditions en général.

La cérémonie d'intronisation

Pour devenir membre à part entière de la famille il faut faire ses preuves, la nationalité n'ayant aucune importance, il faut prouver son attachement aux traditions et à la famille. C'est pourquoi chaque aspirant doit suivre une sorte d'apprentissage qui dure environ 6 mois, et s'il s'est montré digne, il est intronisé dans la famille.

Il participe alors à la cérémonie d'admission des nouvelles recrues, c'est un rituel commun à plusieurs mafias dans le monde. Pour les yakuzas, cette étape se nomme le Sakazuki44.

Le rituel d'entrée est très cérémonieux : il s’agit d’une réception dont la date est fixée en accord avec le calendrier lunaire. Tous les participants sont vêtus de kimono, et placés suivant un ordre établi, dans le silence le plus complet. La cérémonie se passe dans une salle traditionnelle, où sont entreposés un autel shintoïste et une table basse avec des cadeaux.

L'Oyabun et le futur membre sont agenouillés l'un à côté de l'autre en face de témoins (Azukarinin), et préparent du saké mélangé à du sel et des arêtes de poisson50, puis ils versent le liquide dans des coupes. Celle de l'Oyabun est remplie entièrement, afin de respecter son statut. Le saké symbolise ici les liens du sang. Ils boivent ensuite une gorgée, s'échangent leurs coupes, et boivent à nouveau. Le nouveau Kobun scelle de cette manière son appartenance à la famille et à son Oyabun, il garde sa coupe (nommée Oyako Sakazuki), elle est le symbole de sa fidélité. Si un yakuza rend son Oyako Sakazuki à son chef, il rompt ses liens avec sa famille.

Par la suite, l’Oyabun fait un discours rappelant les principes des yakuzas51, la fidélité et l'obéissance aveugle. Le rituel se clôt par la rupture du silence, où tous les participants crient en cœur « Omedetō gozaimasu ».

Les premiers pas dans l'Organisation[modifier | modifier le code]

À la suite de cette cérémonie, le nouvel arrivant est un yakuza à part entière, et doit aider la famille en trouvant du travail.

Il s'appuie alors sur le territoire de la famille, de l'influence de son clan et de son expérience personnelle, où il se fait aider par ses aînés qui l'emploieront. Son travail dépendra aussi de la spécialisation de sa famille. Une partie de ses bénéfices sera reversée à son supérieur, en fonction de son rang, lequel reversera à son supérieur, et ainsi de suite52. Il est courant que dans les premiers temps, les nouveaux membres soient exemptés de cette pratique, afin de ne pas pénaliser la croissance de leur affaire. Si par la suite, ils ont des difficultés à payer, la solidarité dans la famille jouera, et un autre membre pourra payer pour eux. Néanmoins, si cette situation est récurrente, le membre est rétrogradé, et si au contraire il cotise beaucoup, il monte en grade. S'il gravit suffisamment les échelons, il sera autorisé à fonder son propre clan.

En cas de faute

Le yubitsume

Il existe une autre cérémonie, plus simple : la cérémonie de départ, ou de licenciement (指詰め, Yubitsume?). Si un yakuza enfreint le code d'honneur, il doit, pour se faire pardonner, se mutiler lui-même le petit doigt et l'offrir à l’Oyabun, et lui rendre la coupe de saké qu’il avait reçue lors du rituel d’entrée. S'il renouvelle sa faute, il doit recommencer la cérémonie avec les autres doigts. Cette punition, issue de la tradition des Bakuto, n’est pas rare, et peu de yakuzas atteignent un âge avancé avec tous leurs doigts. Ils gardent le plus souvent leurs doigts mutilés dans le formol, pour se rappeler leur disgrâce. Si on s'ampute d'une phalange à la suite d'une faute, on parle de shini-yubi (doigt mort). Mais on peut également utiliser ce rituel afin de mettre fin à un conflit, en donnant son doigt à l'autre clan. On parle alors de iki-yubi (doigt vivant). Néanmoins, cette pratique se raréfie, par souci de discrétion face aux autorités. D'après une étude de 1993, 45 % des yakuza ont une phalange coupée, et 15 % ont subi deux fois la mutilation.

Le seppuku

Si le yakuza commet une faute très grave, il peut aussi être exclu du clan, en recevant une lettre d'exclusion, nommée Hamonjyo. Elle l'empêche d'intégrer une autre famille en l'informant de sa disgrâce. Écrite en noir, elle symbolise une exclusion temporaire, en rouge, c'est une exclusion définitive.

Si la disgrâce est trop grande, le yakuza peut faire usage d'une autre forme de pénitence, plus radicale, le seppuku (plus connu sous le nom de hara-kiri), suicide rituel par éventration. Populaire chez les samouraïs et soldats japonais qui le pratiquaient comme pénitence pour leurs fautes, les yakuzas sont connus pour le pratiquer également, en cas de faute extrême.

La tradition du tatouage

 

 

 

 

 

 

 

 

Le rituel le plus pratiqué au sein de la communauté reste le rituel du tatouage, plus connu sous le nom d’irezumi au Japon.

Sa mise en place est très douloureuse, car elle se fait encore de manière traditionnelle ; l'encre est insérée sous la peau à l'aide d'outils non électriques, des faisceaux d'aiguilles fixés sur un manche en bambou ou plus récemment en acier inoxydable (donc stérilisables), fabriqués à la main. Le procédé est onéreux et certains tatouages sur l’intégralité du corps peuvent demander des mois, voire des années de travail.

Plus de 68 % des yakuzas seraient tatoués, et chaque clan possède son tatouage particulier. Cette pratique est originaire des Bakuto, dont les membres se tatouaient un cercle noir autour de leurs bras à chaque crime commis. C’est aujourd’hui plus la résultante d’une volonté des clans de se différencier, et une preuve de courage et de fidélité envers leur « famille », car le procédé est irréversible.

Le tatouage des Yakuzas présente un lien fort avec l'art de la gravure sur bois japonaise à travers l'adoption fréquente de sujets et de composition issus de la série de gravures sur bois Au bord de l'eau, un roman fleuve chinois datant de la dynastie Ming.

Dans certains clans, le tatouage a une symbolique particulière : les motifs choisis par les chefs de clan pour les nouveaux membres sont à l'opposé de leur caractère. Par exemple, un dragon va correspondre à une personne calme, tandis qu'une geisha sera associée à une personne de nature agressive.

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Les activités lucratives des yakuzas

 

Des yakuzas arborant leurs tatouages lors de la grande fête de Sanja Matsuri63. Ils font partie intégrante des festivités et ne choquent personne.

Une grande partie des activités actuelles des yakuzas peut être reliée à leur origine féodale. Contrairement à la mafia italienne et aux triades chinoises, ce n'est pas une organisation secrète, les yakuzas possèdent donc souvent un bureau bien visible, arborant le nom de leur clan ou leur emblème. Cela fait du Japon un des seuls pays au monde où les organisations mafieuses s'affichent en plein jour2. Les bureaux des yakuza sont, légalement, des associations (dantai) le plus souvent vouées à « la poursuite de la voie chevaleresque » (Ninkyôdô). Les membres ont un code vestimentaire bien spécifique (lunettes de soleil et costumes colorés), de façon à être facilement identifiables par les civils (katagi). Même la manière de marcher des yakuzas est différente de celle des citoyens ordinaires, plus ample et « arrogante ».

Au contraire, ils peuvent être plus conventionnellement habillés, mais quand le besoin se fait sentir, ils peuvent mettre en valeur leurs tatouages, afin d'indiquer leur affiliation. Occasionnellement ils déambulent également avec des insignes sur leurs revers. La famille yakuza Yamaguchi a même publié un magazine interne avec un édito du parrain incitant au respect des valeurs traditionnelles, une rubrique spécialisée sur le crime, une rubrique people, sport et des poèmes en haiku, distribué aux 28 000 membres du clan65. Il s'ajoute au périodique Jitsuwa document (実話ドキュメント, Jitsuwa dokyumento?), créé en 1984 par Takeshobo, édité en 70 000 exemplaires depuis 2013 par Myway et qui disparaît en 2017

Leur principale activité lucrative sont:

- Le racket de société

- Lutte professionelle

- Le sumo

- Les paris et jeux

- l'immobilier

- l'industrie du sexe

- les trafics

Implantation géographique

L’ancrage historique au Japon

Chaque mafia possède son propre « point d’apparition et de propagation », point encore actif aujourd’hui. Il correspond dans la plupart des cas à une ville et ses alentours. Ces « capitales mafieuses » sont encore aujourd’hui contrôlées par les mafias qui y sont nées.

Les yakuzas ne font pas exception à cette règle. Ils sont ainsi historiquement présents sur l’île principale de Honshū, dans le Kansai (partie occidentale de Honshū), et dans le Kantō (centre-est). Le Kansai était occupé plutôt par des Tekiya, alors que le Kantō l'était en grande partie par des Bakuto. Cet héritage a entrainé certaines spécificités qui ont longtemps perduré chez les yakuzas, mais qui ont actuellement tendance à s’estomper.

Les clans, tout en restant très ancrés localement, ont également réussi à développer un réseau hors du Japon, aidés par leur implantation dans les grands ports japonais de TokyoKobe, et Yokohama. Leur implantation internationale reste néanmoins plus limitée que les autres grandes mafias.

Les yakusa sont aussi présents aux états-unis, mexique, asie du sud est et en australie à des degrés divers.

Place dans la culture populaire

L'univers des yakuzas est une source importante d'inspiration pour la culture japonaise, servant de base aux œuvres d'auteurs, de scénaristes, voire aux concepteurs de jeux. Un nombre important de films, de livres y sont ainsi consacrés, et plus récemment des jeux vidéo.

Cinéma

Au Japon, un genre de film très populaire se concentre sur la vie et les relations des yakuzas, le Yakuza eiga. Des cinéastes étrangers se sont également intéressés au sujet. Les films où les yakuzas sont présents sont très nombreux, parmi les plus marquants on peut citer :

196 1Cochons et Cuirassés Shōhei Imamura

1971 Guerre des gangs à Okinawa Kinji Fukasaku

1973 Combat sans code d'honneu rKinji Fukasaku

1975 The YakuzaSydney Pollack

1989 Black RainRidley Scott

1991  Dans les griffes du dragon rouge Mark L. Lester

1993 Soleil levant Philip Kaufman

1995 Crying freeman Christophe Gans

1997 Postman Blues (Posutoman Burusu) Sabu

1998 Samurai Fiction Hiroyuki Nakano

2000 Aniki, mon frère  Takeshi Kitano

2007 WARPhillip G. Atwell

2007 Young Yakuza  Jean-Pierre Limosin

2009 Shinjuku Incident Derek Yee

2010 OutrageTakeshi Kitano

2012 Outrage: Beyond Takeshi Kitano

2017 Outrage Coda Takeshi Kitano

2018 The Outsider Martin Zandvliet

2019 First Love, le dernier yakuza Takashi Miike

2020A Family Michihito Fujii

Manga, anime et drama

  • Gokusen : manga (2000), drama (20022005 et 2008) et anime (2004). L'héritière d'un clan devient enseignante dans un lycée difficile, et se voit assigné une classe de délinquants, la 3-D. Elle va leur enseigner les mathématiques, tout en s'impliquant progressivement à plusieurs autres niveaux, allant jusqu'à sortir sortir ses élèves d'un mauvais pas en utilisant parfois ses compétences d'héritière du clan.

  • My Boss, My Hero : film (2001), drama (2002). Un jeune chef de gang, qui semble être trop stupide pour effectuer son travail, rate une grosse transaction, car il ne sait pas compter correctement, et est d'autre part pratiquement illettré. Afin d'accéder à la succession du clan, son père lui impose alors de retourner au lycée, pour obtenir son diplôme. Il ne doit pas dévoiler son appartenance aux yakuzas, sous peine d'être immédiatement exclu.

  • Twittering birds never fly : manga du genre yaoi (2011). Yashiro, un masochiste totalement dépravé, patron d’un clan de yakuza et de la société de finance Shinsei, embauche comme garde du corps Chikara Dômeki, un homme secret et peu bavard. Alors que Yashiro voudrait profiter du corps de Dômeki, ce dernier est impuissant109.

  • Like the Beast : mangayaoi (2008). Tomoharu Ueda, officier de police dans un petit poste local, fait la rencontre d'Aki Gotôda, fils du chef d'un clan yakuza, à la poursuite d'un voleur de sous-vêtements. Le lendemain matin, Aki se présente chez lui pour le remercier de son aide et se retrouve à lui faire une déclaration d'amour. Interloqué, Ueda lui répond qu'il vaut mieux qu'ils apprennent à se connaître, mais c'est sans compter l'obstination d'Aki, prêt à tout pour arriver à ses fins.

Plusieurs mangas de Ryōichi Ikegami se situent dans le milieu de la pègre japonaise :

  • Crying Freeman (1986).

  • Sanctuary (1990) : Hôjô et Asami, amis d'enfance, n'ont qu'un seul objectif : redonner aux Japonais le goût de vivre, et secouer le pays. Pour cela, ils décident de gravir les échelons du pouvoir, l'un dans la lumière, en tant que politicien, l'autre dans l'ombre, comme yakuza.

  • Strain (1996).

  • Heat (1999) : Tatsumi Karasawa est le propriétaire d'un club à Tokyo qui a pour projet d'étendre son activité. Il donne du fil à retordre non seulement aux forces de l'ordre, mais également aux yakuzas, dont il arrive cependant à rallier un certain nombre à ses côtés.

Jeux vidéo

  • La série des Yakuza (Ryū ga Gotoku en japonais) met en scène plusieurs aventures qui se suivent et sont liées de près aux yakuzas. Plusieurs films adaptent des épisodes de cette série dont Yakuza : L'Ordre du dragon de Takashi Miike.

  • Nexus: The Jupiter Incident : l'un des adversaires de la première partie du jeu est une compagnie financée par les yakuzas.

  • Grand Theft Auto III : l'un des gangs de la seconde ville, Staunton, s'appelle les Yakuza.

  • Dans la série Saints Row il y a un gang yakuza qui s'appelle les Ronin.

  • Dans le jeu Payday 2, l'un des contenus additionnels propose d'incarner un Yakuza, appelé Jiro.

  • Dans le jeu Yandere Simulator, les Yakuzas sont les alliés du personnage principal, l'aidant dans certaines quêtes.

  • Dans le jeu Danganronpa 2: Goodbye Despair, un élève a pour talent d’être l’Ultime Yakuza, Fuyuhiko Kuzuryu . On apprend qu’il est le descendant direct et l’héritier de sa famille, la famille Kuzuryu.

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